La pédagogie globale

L’expression « pédagogie globale »  s’est imposée à moi au fil des années et du travail réalisé avec les élèves et les enseignants. Elle correspond à la démarche que je m’efforce de mettre en oeuvre en l’adaptant aux niveaux, à l’âge et aux motivations des uns et des autres.

Comment la définir plus précisément ? Cette notion renvoie à une approche globale de l’apprentissage, c’est-à-dire une intégration multi sensorielle de plus en plus élaborée et construite.

Remarquons déjà qu’un instrumentiste qui déchiffre une pièce sur son piano ou tout autre instrument développe empiriquement une approche multi sensorielle dans son travail : l’oreille, le toucher, le regard, la mémoire à court terme sont mobilisées simultanément à des degrés très divers suivant son niveau et son expérience personnelle. 

En  approfondissant  et en généralisant cette expérience par une mise en relation des différents apprentissages intégrés dans un processus pédagogique concret et adapté au niveau de chacun, qui s’appuie sur le décloisonnement systématique des disciplines touchant la pratique musicale, nous construisons bien cette démarche multipolaire et multisensorielle. 

Prenons un exemple pour mieux nous faire comprendre : il est particulièrement éclairant de prendre en compte les récents travaux dans le domaine de la psychologie du développement de l’enfant, l’étude des stades de développement et des fonctions cognitives. 

Les recherches très abouties aujourd’hui sur la plasticité cérébrale mettent également en évidence des dynamiques d’apprentissage plus complexes et plus subtiles que celles qui ont pu prédominer dans le passé. Sans rentrer ici dans le détail nous pouvons observer que la représentation mentale d’une action stimule les mêmes zones et les mêmes circuits neuronaux que ceux mobilisés dans l’action  effectivement réalisée.  l’application de ce processus cortical à la pédagogie musicale apporte un éclairage particulièrement intéressant. Remarquons que ces études et les résultats auxquels elles aboutissent corroborent, tout en les précisant, les  apports des méthodes actives.

C’est ainsi que j’ai mis au point un codage rythmique simplifié et synthétique mieux adapté à la pratique du rythme. Autre exemple de cette intégration multi sensorielle : l’approche de l’harmonie appliquée dès le commencement sur des bases élémentaires : les études et exercices variés des différentes familles d’accords classés, des procédures de jeux (marches harmoniques, cadences diverses, gammes harmonisées) ainsi que l’utilisation de la transposition fréquente conduit progressivement d’une part à mieux discerner l’architecture des pièces étudiées, les tensions liées au rythme harmonique et, d’autre part, apporte des outils, un vocabulaire pour les essais d’improvisation qui peuvent être pratiqués très tôt.